17 juil. 2009

Le Bon, les Brutes et les Truands


Après cette courte semaine de répit, pendant laquelle les fugitifs ont exploré les secrets de l'île de Kyushu, me voici donc rappelé en renfort pour une nouvelle mission. Il faut dire que les bougres ont prévu un weekend chargé. Pour commencer les festivités, rien de moins que le Nagoya Basho, un des 6 tournois majeurs de Sumo de l'année. Les autres Honbasho ont lieu à Tokyo (Janvier, Mai et Septembre), Osaka (Mars, donc arrivé trop tard) et Fukuoka (Novembre). Pour un aperçu d'une journée au Natsu Basho 2009 à Tokyo, allez donc jeter un coup d'oeil sur le blog de mon compatriote Lastiko.


Un Honbasho dure environ 15 jours, et nous en sommes ici à la fin de la première semaine. Pour ne rien rater des cérémonies traditionnelles, nous nous pointons aux aurores. Evidemment, nous sommes les premiers sur place mis à part quelques Gaijin aussi bien renseignés que nous :D. La salle est absolument superbe, avec le dohyô central et les gradins rouges satinés de violet qui l'encadrent.

Le Aichi Prefectural Gymnasium de Nagoya au petit matin, avant l'invasion du public.

Dans ce genre de compétition, une journée typique commence toujours avec des combattants de niveau intermédiaire, les Jûryô. Le niveau des Rikishi (nom donné aux lutteurs au Japon, ceux qu'on appelle à tort Sumotori) s'élève au cours de la journée jusqu'à voir arriver les Makuuchi, et peut être même certains Yokozuna (le rang suprême). C'est finalement une bonne chose d'être arrivé si tôt. La salle est vide, on peut facilement s'approcher à quelques mètres du ring et vivre pleinement les combats (et aussi prendre des belles photos :D).

Deux jeunes combattants (Jûryô), se préparent au combat sous l'oeil attentif de l'arbitre (Gyôji) et des juges (Shinpan).

En approchant le dôme d'argile (dohyô), on peut vivre pleinement le combat et assister à des chutes souvent spectaculaires ...

... voire même dangereuses pour ceux qui s'en approchent trop !

Le niveau n'est peut-être pas des plus fulgurants, mais nos yeux de néophytes ne font pas la différence. Cela nous permet au passage de nous familiariser avec les règles et autres cérémonials qui précèdent et suivent chaque combat.

Avant l'entrée en scène des lutteurs, le yobidashi (sorte de crieur public) apelle les opposants à se présenter sur le dohyô (ring) avec son grand éventail, en annonçant leur nom, grade, pays d'origine et nom d'équipe.

Avant le combat, on assiste à un étrange ballet de rituels shinto afin de préparer mentalement les Rikishi au choc du combat. En premier lieu, plusieurs Shiko, grand écran écart jambe en l'air en appui sur l'autre jambe, avant de se laisser retomber de tout son poids sur le sol pour chasser les mauvais esprits. Ca paraît pas sorcier, mais essayez vous verrez c'est pas facile !

Le Shinko, préparation physique et mentale au combat, chasse les mauvais esprits et fait surtout trembler le dohyô et les spectateurs.

Ensuite, on assiste (mais pas toujours, ça doit dépendre des lutteurs) à un autre cérémonial où le lutteur reçoit une coupelle d'eau de la part d'autres combattants, avec laquelle il se rince la bouche avant de se sécher avec une feuille de papier. Puis le lutteur jette une poignée de sel sur le sol en argile, avant de s'accroupir face à l'adversaire en présentant ses paumes vers le ciel tout en le fusillant du regard, un peu comme pour dire "regarde j'ai pas de bâton ni de tazzer, je vais te battre comme un homme, un vrai".

Attendez c'est pas fini ! Le processus se répète plusieurs fois, toujours interrompu par le Gyôji (arbitre) qui annonce avec son éventail que le combat ne commence pas encore. On sent la tension monter entre les Rikishi au même rythme que l'impatience du public. Finalement, l'éventail se lève. Le combat commencera quand les 4 poings seront posés au sol. Un poing, puis deux, trois et ..... quatre le combat commence enfin !

Attention, on ne rigole pas avec les règles ! Un Rikishi qui se lance au combat avant que les quatre poings soient au sol risque 10.000¥ d'amende !

Les règles du combat sont très basiques. Tout lutteur qui touche l'intérieur du cercle sacré avec autre chose que la plante des pieds, ou sort du dit cercle, est éliminé. Même si certains combats sont spectaculaires, la plupart ne durent guère plus de 5 secondes ! Vous l'aurez compris, on a beau se passionner pour le long cérémonial des premiers matchs, le 154 ème commence à être lassant, et la frustration laissée par des combats de 3sec après 10 min d'attente est palpable.

Que nenni, le plaisir est entretenu par les différentes animations tout au cours de la journée ! Après avoir snobbé les catégories inférieures toute la matinée, le public et la télé se pointent sans vergogne vers 15h. Après avoir presque caressé le dohyô, il est maintenant temps de regagner nos gradins à 4000¥ tout en haut du palais. La salle se remplit peu à peu pendant les combats de Jûryo et l'ambiance atteint son apogée avec le Musuchi-no-ichiban (dernier match de la journée). Entre temps, on assiste au Makuuchi dohyô-iri, cérémonie de présentation des lutteurs de la plus haute division. Les Makuuchi, vétus d'un grand tablier haut en couleur, paradent en cercle sur le dohyô.

Le Makuuchi dohyô-iri ou la parade des Makuuchi

Malheureusement, aucun Yokozuna n'est programmé aujourd'hui, nous n'aurons pas la chance d'assister à leur cérémonie d'accueil, le Yokozuna dohyô-iri. Tant pis !

Entre temps, nous en avons profité pour nous installer dans un des box plus près des combats (et plus chers aussi ;D), vu que certains sont encore vides et ne se rempliront probablement plus. Les box sont des enclos où on peut s'installer à 4 assis sur des coussins. Les Japonais y viennent pour passer la journée entre amis où en famille, et ramènent tout se qu'il faut pour se mettre bien. C'est marrant d'ailleurs, beaucoup ne prêtent aucune attention aux matches, un peu comme s'ils mangeaient chez eux devant une télé allumée que personne ne regarde. Au Japon, aller voir des combats de Sumo, c'est surtout un prétexte pour passer un bon moment ensemble et s'adonner au kuidaore, le délice épicurien de jouir sans limite des plaisirs de la table :D.

Les matchs s'enchaînent, l'ambiance devient de plus en plus électrique. Des groupies (souvent des ados ou des mamies) s'égosillent à l'arrivée de leur chouchou. Nous aussi, on se met à brailler quand on voit arriver un Gaijin (étranger). Bon il se fait sortir direct, mais c'est bien tenté quand même. On apprendra plus tard que c'était le bulgare Kotooshu, qui n'est personne d'autre que le futur vainqueur du tournoi !

Un des lutteurs Makuuchi en train de se faire corriger. Attention dessous, ça va faire mal !

Après une heure effrénée de défilement de stars et de matchs endiablés, la fin de journée approche. Un gars devant nous, bien bourré apparemment, se met à balancer des coussins dans tous les sens. On se dit que c'est juste un ivrogne qui fout le b****l, mais on apprendra plus tard que c'est un geste classique des supporters déçus par la défaite de leur Rikishi favori ...

Le jeteur de coussins fou, peu après la défaite de son Rikishi préféré.

Enfin, le Yumitori-shiki (danse de l'arc) vient clôturer une journée riche en émotions.

Voila chers lecteurs, vous connaissez maintenant l'histoire du Bon parti voir les Brutes avec les Truands. Le Bon vous donne d'ailleurs rendez-vous très prochainement pour la suite d'un week-end haut en couleur :D


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Pour avoir plus d'infos sur le Nagoya Basho ou le Sumo en général

:: le site officiel du Japon (anglais) ::
:: un site non officiel bien fait (français) ::
:: la page Wikipedia ::
:: le glossaire ::
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14 juil. 2009

Le bouquet final

Ce matin, j'ai reçu un courrier des deux malfrats de la Boulouris Connection, dont voici les grandes lignes :


Le pillage du Sud d'Osaka s'est déroulé sans encombre. Les habitants de Shirahama ne sont pas près de nous oublier, autant que notre peau n'est pas prête d'oublier leur soleil. L'heure est venue de nous diriger vers l'Est. Nous ferons escale à Nagoya pour le Basho (compétition de Sumo ndlr), avant de prendre d'assaut la capitale. Nous serons alors fin prêts pour notre ultime attaque, la prise du Fujiさん (Mont Fuji ndlr). Comme tu peux sans doute l'imaginer, ce week end s'annonce comme le bouquet final de notre feu d'artifice nippon. C'est pourquoi il nous faut la meilleure couverture médiatique possible. C'est pourquoi il nous faut Ponyo.
La Boulouris Connection

A quoi était joint un billet pour le direct de 07:10 pour Nagoya, vendredi matin. Il ne me reste qu'à convaincre le boss de m'accorder ma journée. Mais quand on négocie avec des terroristes depuis des semaines, négocier avec son patron devient un jeu d'enfant :D.

!東京、すぐ行くよ !

12 juil. 2009

Au calme à Shikoku (part II : piégés à Naruto)



Notre périple nous conduit donc directement à Naruto, petite ville à la jonction des îles Honshu et Shikoku. Première mission : trouver un hôtel. J'avais certes réservé un ryokan, mais après réflexion un logement plus économique serait le bienvenu. Le coin autour de la gare ne fait pas très envie, les hôtels non plus ... ça fait un peu banlieue nord de Mulhouse. On finit par trouver un business hotel dont les prix ont l'air correct. Seulement le type de l'accueil a décidé de nous faire galérer. Vous savez le genre qui percute pas, et qui vous amène à croire que vous parlez japonais comme une vieille m****, alors qu'en fait il lui manque juste quelques neurones ? Bah c'est celui là. Bon finalement on s'en sort plutôt bien, avec un discount (9.000 ¥à trois) parce qu'il manque les draps sur un des lits. Après s'être royalement restauré dans un izakaya du coin, retour à l'hôtel pour une bonne nuit.


Sous un soleil de plomb, on part le lendemain à l'assaut des fameux tourbillons de Naruto. Kézako ? En dessous du pont O-naruto, les marées de l'océan Pacifique et de la mer intérieur Seto se croisent et forment des tourbillons qui - paraît-il - seraient parmi les plus impressionnants du monde. Le pic est à 14h30, juste de quoi y aller tranquillement, casser la croûte et piquer une petite tête dans le Pacifique pour se rafraîchir. Le moment M vient, direction le pont. Une plate-forme piétonne (Uzo no michi) a été installée en dessous de la route pour permettre de voir les tourbillons à travers une vitre au sol, à 45m au dessus de l'eau. Et la c'est vraiment .... la grosse déception. On voit juste un mer agitée, quelques mini-bribes de commencement d'amorçage de début de tourbillons, et pis c'est tout. La foule est au rendez vous, pas les tourbillons. Voila quand même quelques photos fortement zoomées dans le but de tromper l'oeil humain :

la photo Wikipedia ...

... et la photo Ponyo !

Ils décident de redescendre non pas en bus cette fois, mais à pied en longeant les plages. On passe devant le musée Otsuka, le plus large du Japon (keskifou à Naruto ?!!?) où on peut voir des copies d'oeuvres occidentales célèbres, genre le plafond de la chapelle Sixtine. En face se trouve un magnifique resort, un genre de Club Med dans le style nippon, mais leurs tentatives de squat sont vaines. Direction les plages, qui sont curieusement vides pour un dimanche ensoleillé. Deux raisons à ça; la première est que les Japs n'aiment trop rester longtemps au soleil, donc à 17h il n'y a plus un chat; la deuxième tient en un mot : méduses.

Voili voilou, un bon petit week-end s'achève, loin des bruits et des tracas des grandes métropoles. Mes ravisseurs ont encore bien d'autres projets, dont vous devriez avoir des nouvelles d'ici peu. Pour moi l'heure est venue de retourner à la vraie vie, celle du réveil à 7h pour aller bosser. Mais je dois avouer que je commence peu à peu à prendre goût à cette vie de hors la loi :D Serais-je en train de devenir un fugitif ?


11 juil. 2009

Au calme à Shikoku (part I : Dansons à Tokushima)


Pour ce nouveau week-end, mes kidnappeurs ne me laissent d'autres choix que de les rejoindre au milieu de leur périple nippon pour leur servir de guide. Par un hasard contrôlé, ils se rendent sur la côte est de Shikoku qui n'est qu'à quelques heures de bus d'Osaka. Malgré une organisation très approximative (un mail sans réponse la veille), on réussit à se retrouver à Tokushima samedi matin. Une fois est coutume, j'ai une bonne heure de retard, mais je défie quiconque de trouver du premier coup la gare des bus JR pour Shikoku ... Il faut rentrer dans un hôtel, marcher un long couloir, prendre l'ascenseur jusqu'au 5ème pour atterrir dans une cour intérieure qui sert de gare routière ! Hasard (mal)heureux, ils sont à la bourre aussi, donc on se retrouve sans trop de difficultés.


Tokushima est une petite ville sans prétention, qui reproduit l'éternel schéma japonais gare-centre commercial-Pachinko street-temple, le tout dans des proportions lilliputiennes. En fait Tokushima est très connu pour le festival Awa-Odori (Awa = ancien nom de Tokushima, Odori = danse). L'Awa-Odori, c'est en quelque sorte les férias de Bayonne, mais avec un peu plus de classe ;D. La ville est prise d'assaut pendant 5 jours par des danseurs et musiciens traditionnels dans une humeur festive très contagieuse.

Mais le festival se tient au milieu du mois d'août, c'est à dire pas maintenant :D. Pas grave, on prend un pack musée-show-téléphérique à 1500¥pour se faire une idée. Le musée est très modeste (on voit la sortie en entrant), mais ils se rattrapent avec le show ! Une dizaine de danseurs se produisent pendant que l'un d'entre eux explique les bases de la danse, de l'histoire à la choré, le tout rythmé par une musique folklorique plutôt sympa. Bien sûr tout est en japonais, mais une hôtesse-robot de l'accueil se fait une joie de nous servir d'interprète (j'apprends notamment que la galerie souterraine du centre ville d'Osaka "Namba Walk" tire son nom d'une des danses traditionnelles). A la fin, les danseurs invitent le public à se joindre à eux pour la danse ultime. iManouel et moi-même rejoignons la troupe pendant qu'Abdoul filme. 

(la vidéo ne devrait pas tarder à suivre ...)

Puis le chef de la troupe désigne les meilleurs danseurs pour leur remettre un "certificat de danseur Awa-Odori". Imanouel, grâce à un jeu de jambes sans égal, accède à la reconnaissance ultime. Mémorable !

Les danseurs  Awa Odori en pleine démonstration

iManouel se voit remettre le certificat de danseur Awa Odori ...

... avant d'électriser  la foule avec une interprétation très personnelle du Namba Walk

Après un petit tour sur la colline qui surplombe la ville via le téléphérique et une visite du château qui en fait n'existe pas, la petite troupe se dirige bientôt vers Naruto et ses fameux tourbillons. La suite au prochaine épisode !

10 juil. 2009

Assure Ponyo, prête moi ton blog

Mesdames, messieurs, ceci est une édition spéciale.

Les deux fugitifs, que les forces spéciales de police nipponnes traquent sans relâche depuis maintenant près de trois semaines, viennent de refaire surface. Comme le cas Ben Laden a pu l'illustrer, les médias contemporains constituent un outil puissant permettant aux terroristes d'exprimer mondialement leurs revendications sans trahir leur position. Les deux membres actifs de la Boulouris connection ont décidé de profiter de l'explosion du web 2.0 pour relayer leurs méfaits. Et c'est justement sur le blog des Aventures de Ponyo qu'ils ont jeté leur dévolu. Ponyo, notre envoyé spécial au Japon, a été kidnappé à son domicile la nuit dernière, alors qu'il regardait Inspecteur Derrick en japonais en dégustant des sashimis. Notre valeureux reporter est tout de même parvenu à nous transmettre un courrier, mais n'a visiblement pas pu échapper à la censure des deux ravisseurs. En voici un extrait:

J'ai du sous la torture généreusement accepté de mettre mon blog à disposition des deux jeunes défavorisés héros issus des quartiers nords de Boulouris afin de leur permettre, eux aussi, de partager leur aventures dans ce fabuleux pays qu'est le Japon. Les semaines à venir seront donc le théâtre d'une probable dérive amélioration de la qualité éditoriale de ce blog. Je remercie chaleureusement tous mes lecteurs pour leur indulgence envers une prose dont la vacuité qualité intellectuelle, si incommodante chanmé soit elle, ne devrait pas entacher l'authenticité et l'émotion le kiff que les jeunes blogueurs s'efforceront de véhiculer à travers leurs témoignages.

Le courrier était accompagné d'une photo récente de Ponyo, visiblement sain et sauf, bien qu'en mauvaise posture :


Les ravisseurs n'ont pour l'instant formulé aucune exigence, si ce n'est de s'approprier les colonnes des Aventures de Ponyo, comme en témoigne ce message au contenu on ne peut plus explicite :


Nos pensées vont directement à la famille at aux proches de Ponyo, qui doivent certainement se faire beaucoup de sushis.

H. Miyazaki, directeur de la rédaction

NB : Ponyo Corporation Japan ne pourra en aucun cas être tenu responsable des troubles psychologiques inhérents à la lecture de l'un des articles publiés dans ses colonnes. Pour aider Ponyo, merci d'envoyer vos dons sous forme de commentaires.

8 juil. 2009

Le vrai Japon : les pervers du métro

Voila un petit moment que je voulais lancer une série d'articles sur des petits détails de la vie quotidienne au Japon. Ce sont pour la plupart des choses auxquelles je me suis complétement habitué et qui font maintenant partie du décor. Mais parce qu'elles ont surpris le petit occidental que je suis à mon arrivée, j'ai décidé de partager ici quelques bribes du vrai Japon.


On a coutume de penser que le Japon est un pays de machos, dans lequel la femme est réduite aux tâches ménagères et à l'éveil des enfants en bas âge, pendant que leur salaryman de mari se tue au travail pour ramener du riz à la maison. Ce cliché aux traits volontairement exagérés reste pourtant vrai, surtout en dehors des grandes villes, même s'il a heureusement tendance à s'effacer de plus en plus. Mais ça ne veut pas dire pour autant que les japonais ne respectent pas la gente féminine, bien au contraire. J'ai été surpris par le nombre d'espaces publics réservés aux femmes, des bars aux rames de métro.

Le métro justement, parlons en. Pendant les périodes de forte affluence (vers 9h et 18h), une rame entière est réservée aux femmes dans chaque métro ou train de la ville. La raison est simple : face à la recrudescence du nombre de pervers, profitant de la promiscuité pour laisser libre cours à l'expression de leurs mains balladeuses, la ville a décidé de séparer les sexes. Le pervers a typiquement la trentaine, et sa victime est bien souvent une adolescente en uniforme scolaire (cad en minijupe). Il faut savoir qu'un pervers risque jusqu'à 7 ans d'emprisonnement et 50.000 ¥ d'amende. 

Mais le problème est double. Car si la ville a pris de telles mesures, ce n'est pas seulement pour protéger les femmes; c'est aussi pour protéger les hommes ! En effet, si une femme déclare que vous l'avez touchée, vous êtes mort. La police ne croira jamais votre version. Résultat, certaines se sont mis à faire du chantage, genre "donne moi 1.000.000 ¥ sinon je te balance à la prochaine station". Et oui que voulez vous, même dans le pays le plus honnête du monde, le système sans faille n'existe pas.

PROCHAIN EPISODE : "les escalators"

6 juil. 2009

Fukukaka

À la Ponyo School of Journalism, on vous apprend à tirer moultes informations de votre environnement. Au vu des regards inquisiteurs des High School Girls grimpant les escalators, aucun doute n'est permis : ils m'ont mis dans un Sac Louis Vuitton dernière génération. Insertion dans un métro bondé, gueules grandes ouvertes et bâillements continus : signes révélateurs du lundi matin. La Boulouris Connection va s'en prendre à Fukuoka, capitale de l'île de Kyushu. À 3h de Shinkansen d'Osaka, même la plus puissante Subaru des autorités nippones n'a pu tenir l'allure. Pour leur premier Hold-Up, les malfrats sont bien renseignés : depuis quelques années, la ville s'est révélée être un centre stratégique des échanges internationaux avec le reste de l'Asie.

La population locale n'est pas dupe : la métropole est déserte. Éviter tout dérapage, vraisemblablement. Mais les mercenaires ne sont plus des Gaijin, et les fines vibrations sous terraines atteignent rapidement leurs sandales Havaianas : l'autochtone se protège de son pire ennemi, le Soleil. Au premier accès B1, on pénètre dans l'artère principale où le commerce bat son plein.

Impression de déjà vu : Vie de France et Mos Burger se battent pour caféiner l'habitant, tandis que Bourrée et Un Dix Corps tentent vainement de vendre leurs tops et autres robes soi-disant importées de Pahrys. Au diable le shopping, les canailles veulent de la bière. Ni une ni deux, nous traversons l'allée, direction le no man's land et ses éternels bouffées de chaleur.

 Le guide du Lascar Planet est précis : Tenjin, c'est le quartier des folies nocturnes. Ma montre aquatique m'indique qu’il est 12h : pas un signe de vie. Stores baissés, lumières éteintes, même pas une vague odeur de tempuras pour éveiller notre appétit.  Qu'il est soit ainsi, prenons le joli métro, traversons la ville, il paraît qu'une plage se perd à l'Ouest.

Mais que vois-je ! La Marina japonaise ! Quais infinis, ferrys, odeur de Hotate, soleil plombant, tout y est. On envahit la plage, déserte bien évidemment. Baignade ? Quenini, rétorque Man, armé d'un bâton de samouraï avec, à son bout, une méduse de la taille d'un Tachi. "Vas-y, pff...", rétorque Jon, habitué des onomatopées racaillistiques.

Ces bandits semblent s'être fixés le but bien étrange de marcher 20 km par jour. Ils n'ont aucune notion des distances, et moi, je suinte dans ce sac de cuir.

La nuit tombe, j'ai faim. Un Mos Burger où je fais un malheur ! Face à mes cris stridents, la pire des racailles ne peut rien : ainsi cèdent-ils à mes exigences pour m'acheminer à bon port. Et quelle déception mes amis ! Copie ratée de McDonald's, un peu comme le frère jumeau de Man, que je côtoyais jadis. Steak à l'oignon labellisé LeaderPrice, Coca Breizh Cola...Jon a d'ailleurs rangé sa caméra pour sortir un carton rouge, mais rien n'y fait, triple "Arigato gozaïmashita" et courbure à 270° en guise de réponse. Le Japon, c'est aussi ça...

Vous l'aurez compris, Fukuoka, c'est la cité idéale pour vendre des produits structurés aux Coréens. La crapule-touriste, elle, ne trouvera sa source d'adréline qu'à un seul endroit : le JR retour...

5 juil. 2009

BBQ & Aquarium

J'approche dangereusement les 3 semaines de retard sur mes billets, il est peut être temps de commencer à courir derrière le wagon si je veux le rattraper un jour ! Désolé pour la rafale d'articles qui va arriver...


Pour leur première semaine, mes deux squatteurs ont découvert ma ville d'adoption, Osaka, et ses alentours sous un temps plutôt fidèle aux prévisions (je vous l'avais dit les gars que vous débarquiez en pleine saison des pluies !). Ce samedi, Yoshi nous a concocté une petite journée barbecue au bord de la rivière Yoshino avec des ami(e)s japonai(e)s, tout ce qu'on avait à faire c'était nous lever pour être à 9h au combini près du dortoir. Seulement après la soirée chargée d'hier soir (open bar au Pure, karaoke derrière, un pote perdu et retour à 8h du mat complètement dosés), bah y avait pas grand monde devant le 7 eleven à 9h ... Résultat je me fais secouer à 10h dans mon lit par Yoshi qui a passé une heure à chercher le dortoir avant de rentrer dans la guest room pour nous botter les fesses ! Yoshi si tu lis ces lignes c'est toi le meilleur ;D

Une grosse heure de trajet plus tard, le temps de faire connaissance avec les copines de Yoshi et de faire pour 10.000 ¥de courses pour le BBQ (!), nous voilà arrivés dans notre petit bout de paradis ... une petite plage de galets sableux coincée entre une rivière et une forêt de bambous, avec quelques djeun's qui ont eu la même idée que nous. Une aprem comme je les aime, à dévorer des grillades japonaises, à siroter de la bière, à papoter avec des locaux avant d'aller piquer une tête et jumper depuis les rochers dans les courants de Yoshino ... Le remède idéal contre les lendemains difficiles :D

(photos à venir)

Le lendemain, virage à 180 degrés : du petit coin connu seulement des locaux, on passe directement à la première page du guide touristique d'Osaka de base, j'ai nommé le Kaiyukan, un des plus grands aquarium du monde. Effectivement plutôt massif, notamment le bassin central, avec ses quelques 11.000 tonnes d'eau (!) Après ça reste un aquarium avec des poissons, des crabes et des dauphins ... et surtout un régiment de couples et de familles japonaises collés au vitres à prendre des photos qui seront de toute façon moins réussies que sur le site web de l'aquarium ... Grrrrr. Bon je râle mais j'ai fait pareil :


Fin de journée, on va boire l'apéro à Umeda dans un bar irlandais ... et on tombe en plein match des Gamba Osaka, l'équipe de foot locale, face aux Nagoya Grampus. Grosse ambiance dans le bar ! Les Japs sont vraiment un des meilleurs publics que je connaisse. Ils vivent le match à 200%, s'affolent dès que la balle approche la ligne de touche ! L'histoire aurait pu être belle, si le gardien des Gamba n'avait pas décidé de mettre fin à sa carrière en offrant le but à Nagoya à 30 sec de la fin ... Silence de mort dans la salle, on en profite pour filer à l'anglaise (dangereux dans un bar irlandais ;D)

Voila that's all folks, enjoy the pics !

1 juil. 2009

Fugitifs Raphaëlois : le Japon passe au niveau d'alerte 5

Conséquence du passage de l'alerte au niveau 5, la ville d'Osaka a été entièrement quadrillée par les forces de police niponnes. 
Osaka, 02.07.09 (Reuters)

Après la prise d'assaut d'Osaka et de ses environs par deux jeunes Raphaëlois mardi soir, le ministère de l'intérieur japonais vient de décréter officiellement le passage au niveau d'alerte 5. Les deux malfrats, que la presse nipponne surnomme déjà la "Boulouris Connection", auraient été aperçus a l'aéroport de Kansai International en provenance de Seoul Incheon et son espace lounge de luxe. Les bandits auraient selon toute vraisemblance tenté de détourner l'avion vers le mont Fuji, menaçant l'équipage avec du foie gras périmé. Faute de carburant, ils auraient été condamnés à un atterrissage forcé à l'aéroport d'Osaka avec une heure de retard sur l'horaire prévue. Les deux terroristes auraient eu le temps de prévenir un de leur complice sur place, qui serait lui aussi arrivé avec une bonne heure de retard sur les lieux, muni de trois skateboards pour faciliter la fuite. A leur arrivée, les deux malfaiteurs ont réussi à passer inaperçus, déguisés en touristes néozélandais avec tong jaunes et short à pois multicolores.

D'après les dernières informations, leurs échappée aurait pu tourner court quand un agent de police japonais, déguisé en hôtesse de l'air, est entré en contact avec leur complice. L'agent a tenté d'obtenir leur adresse au Japon, prétextant une erreur administrative à la douane. Mais le complice, flairant le danger, aurait répondu dans un japonais approximatif : " J'aime les sushis au thon, mais pas ceux au poulpe. Toi t'as une tête de poulpe ".

Un passager, visiblement encore sous le choc, raconte : " ils avaient l'oeil hagard, le pouls vif et le pas menaçant ". Un agent de la compagnie de train JR, sous la menace de tranches de magret avariées, leur aurait délivré un JR Pass longue durée : " leur pass est valide pour 3 semaines, ils vont retourner le Japon c'est sûr ! " Même son de cloche pour cet adolescent de Hong Kong, qui aurait joué à PES en réseau avec un des deux malfaiteurs, visiblement installés dans un game center d'Osaka. " Il avait pris l'OM. Face aux tacles assassins de Cana et aux bastos de Taiwo à 40m, je n'ai rien pu faire. Ces gars là n'ont peur de rien. Depuis, j'ai arrêté les games centers, je ne vais plus que dans les Pachinko "

Interrogé sur cette affaire, le commissaire Kawamoto ne cache pas son inquiétude : " il est clair que nous n'avons pas affaire à des amateurs. Au vu de leur préparation minutieuse, les deux malfrats ont la ferme intention de retourner le Japon, et d'en extraire la substantifique moelle. J'appelle donc tous les habitants d'Osaka et de ses environs, de Nara à Kobe en passant par Kyoto, à la plus grande vigilance "

Le gouvernement japonais, qui s'évertue depuis des mois à remonter un moral des ménages au plus bas du fait de la crise financière, se serait bien passé de cette nouvelle vague terroriste. Preuve que rien n'est laissé au hasard, plusieurs instances internationales (dont Interpol et l'équipe VTT de Pacific Blue) auraient été appelées en renfort. Certains parlent même d'un certain Chuck Norris ... 

La chasse aux Raphaëlois est officiellement ouverte.

Ponyo, Daily Osaka News

24 juin 2009

Douce France ...

Lundi dernier, j'ai eu le plaisir et l'honneur d'animer un séminaire sur ........ (roulement de tambour) ........ la France ! Rien que ça ! J'avais carte blanche pour 1h, la seule condition était de rentrer dans la thématique. Pas très difficile me direz vous avec une thématique aussi large.

Qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur raconter ? 1h ça parait très long, mais c'est aussi très peu pour narrer la belle histoire de notre pays. Devant l'impossibilité de parler de tout, j'ai finalement décidé de leur raconter ma France, celle du jeune sudiste exilé de la Côte d'Azur pour faire une grande école dans le Nord. Le tout assaisonné de quelques clichés sélectionnés avec soin : un zeste de Gustave Eiffel par ci, quelques dés de Brigitte Bardot par là, le tout dilué dans un bon verre de Bordeaux. Si vous voulez goûter mon plat, mes slides sont dispos ici :

Douce France

Seul bémol, c'était un de ces fameux lundis où le tiers du département prend son jour de congé. Mon public était donc un peu plus mince que prévu, une vingtaine de personnes au final. Bizarre, pour commencer le séminaire, ils se mettent à chanter en chœur une chanson du genre de celle qu'on apprend en cours d'anglais au CE1 : Kikimasho, Let's listen ! Hanashimasho, Let's speak ! Utaimasho, let's sing ! etc ... leitmotiv que j'interprète comme : "Bon les gars le petit français va nous envoyer plein d'anglais dans la gueule, mais on va encaisser comme des hommes"

Soit. Au bout d'une heure pile (ça c'est du timing), mon speech touche à sa fin. Bilan : c'était plutôt fun, je crois bien qu'ils ont apprécié ma recette. Je n'en ai vu aucun dormir, et ça c'est déjà une grande victoire (d'habitude la moitié s'endort au milieu des séminaires). Plusieurs d'entre eux ont même pris leur courage à deux mains pour poser des questions dans la langue de Shakespeare, cette fameuse langue qui donne des boutons à nos amis japonais.

Bref un petit moment fort sympathique, qui n'avait certes pas grand chose à voir avec le boulot, mais qui a été bénéfique pour tout le monde, à commencer par moi. Au passage je tiens à prévenir la mairie de Saint Raphaël qu'avec la pub que je viens de leur faire, il ne faudra pas s'étonner si on voit débarquer une colonie japonaise sur la côte cet été :D

21 juin 2009

Bonne fête papounet !

Alors qu'en France on commence à hésiter entre groupe de Jazz en bord de mer, groupe de rock sur la place du village ou DJ en boîte pour fêter dignement la musique en ce premier jour d'été, ici au Japon on fête les Papas ! Alors j'en profite pour faire des gros bisous à mon Padre adoré ! (c'est aussi l'occasion de voir si tu lis vraiment mon blog hihi...).

Bonne fête Francesco !!!


20 juin 2009

Dans les eaux d'Arashiyama

Sur l'initiative de Shililou, fournisseur officiel de bonheur pour masses populaires, l'équipe au grand complet a rendez vous avec la rivière d'Arashiyama pour une aprem rafting !

Après un déjeuner venteux sur les cimes de la gare de Kyoto, entre un Shinkansen et une cérémonie de mariage (oui on se marie dans les gares au Japon), direction les montagnes d'Arashiyama.


Le staff de TomSoya est jeune et cool, on a un peu le temps de papoter en attendant les retardataires. Après avoir enfilé nos combis, tous à la flotte ! On est assez pour remplir deux bateaux, S. remporte le suffrage féminin et se retrouve donc seul homme à bord pour lutter contre le bateau des pirates Mikan ... La descente nous prend 2 bonnes heures, rythmées de rapides 'Jurassic park', de cris de guerre, de batailles d'eau, de baignades au soleil et de sauts de falaises (enfin falaises ... disons que caillou surplombant la rivière serait plus approprié)

Bon j'avoue que si on est à la recherche de sensations extrêmes, mieux vaut passer son chemin ... La rivière est assez calme, particulièrement aujourd'hui. Mais pour le reste le coin est vraiment idyllique, les paysages sont superbes au cœur cette grande forêt où une rivière et un petit train de campagne peinent à se frayer un chemin. L'eau est bonne, les oiseaux gazouillent, l'homme et la forêt chantent leur bonheur à l'unisson (???). Dommage que les singes nous aient snobé !


Voila fin du parcours ! Pratique, il y a un arrêt de train juste en bas de la rivière pour nous ramener au point de départ. Fin de journée, les plus courageux (c'est à dire tout le monde sauf Popeye) vont récupérer des forces dans un resto à Okonomiyaki vers Kyobashi. La panse pleine, le gosier bien arrosé, le muscle saillant et le poil soyeux, chacun rentre chez soi pour une bonne nuit bien méritée ;D

PS: désolé pas trop de photos pour l'instant (rafting et reflex ne sont pas très copains généralement). Mais quelques photos de groupe devraient suivre quand A. (la nouvelle stagiaire américaine) aura un accès internet pour me passer ses photos C'est bon j'ai récupéré quelques photos, elles sont ici comme d'hab.

18 juin 2009

A nous le japonais !

Juste un petit billet pour dire que grâce à S., j'ai maintenant des cours de japonais gratuits tous les jeudis soirs ! SUGOIIII !!! On lui a en effet parlé d'une école primaire à Imazato (à 10 min à pied du dortoir), où des retraités volontaires dispensent des cours du soir aux étrangers. En arrivant, pas un seul étranger à l'horizon ! On a du se tromper, ça ressemble plus à l'amicale des retraités bridgeurs d'Imazato. Mais en fait, en regardant de plus près, des élèves coréens, indonésiens et chinois se sont subtilement glissés dans le décor ... les ptits malins.

Les cours sont vraiment sympas, ce sont presque des cours particuliers (1 prof pour 2-3 élèves en moyenne), les profs sont pas des pros mais pour des débutants comme nous, c'est vraiment parfait. Le japonais par des japonais, juste pour le plaisir :D

Pour les intéressés qui tomberaient par miracle sur cette page, voila comment y accéder :

Taisei Shikiji junior school
3-2-62 imazato nishi higashinari-ku, Osaka
Tel : 06-6972-3872


Agrandir la carte Free Japanese Lessons Osaka, Imazato

Vous cherchez la même chose mais vous n'habitez pas du tout dans le coin ? Allez jeter un coup d'oeil sur ce site. A nous le Japonais !

17 juin 2009

Et le taf dans tout ça ?

Aujourd'hui je vais vous parler un peu de travail. Pas du mien, parce que ça tout le monde s'en f***, mais plutôt de l'entreprise au Japon. J'ai la chance de travailler dans une des plus grosses entreprises japonaises, qui reflète à mon avis plutôt bien le monde professionnel nippon en général.

Je suis bien sûr arrivé avec ma casquette d'européen bien enfoncée sur le crâne, très curieux de savoir comment on s'organise ici, et surtout avec la ferme intention de démystifier la légende du japonais qui sort une Wii par mois et une voiture par minute, le tout sans se suicider à la fin (ou pas toujours en tout cas ...)

Alors comment font ils pour être aussi productifs ? Sont-ils plus efficaces ? Après un mois passé ici, "efficace" n'est pas le premier qualificatif qui me vient à l'esprit. Ils ne le sont ni plus ni moins que nous (bon d'accord mon voisin de bureau est sur le même Powerpoint depuis 2 mois, mais on en connaît tous des comme ça en France ... et il en est à la diapo 72 quand même).


Alors quel est leur secret ? D'après ce que je vois ici, les japonais semblent miser plus sur la quantité que sur la qualité. Déjà il sont beaucoup (désolé, mais ça c'est une vraie idée reçue). Ils sont surtout prêt à passer la moitié de leur vie au bureau s'il le faut. Amis français, prenez en de la graine, LES JAPONAIS AIMENT TRAVAILLER. Officiellement, la journée commence à 8h50 et se termine à 17h30, mais la plupart de mes collègues arrive entre 7h et 8h, et repart vers 19h30 (ça va même souvent jusqu'à 21h). L'autre jour, je me suis réveillé à 3h30 pour voir la finale de la Champion's League dans le hall du dortoir. Et la sur qui je tombe ? La femme qui nous prépare le ptit dej, pépère, en train de laver les tables. Mais qu'est ce que tu fous là ma ptite vieille ?!? (je rappelle que seulement 2 personnes prennent leur ptit dej dans le dortoir, à savoir S. et moi-même, et qu'on le prend à 7h).


Mais pourquoi donc se tuent-ils à la tâche avec autant de plaisir ? La première raison, tout à fait compréhensible pour nous autres occidentaux, c'est la rémunération avantageuse des heures sup. Ok. Mais voila, les heures sup ne sont payées que jusqu'à 19h30, pas après. Il y a donc autre chose. Peut être, me direz vous, que les jeunes s'investissent autant dans l'espoir de monter plus vite ? Non plus, puisqu'au Japon la progression n'est quasiment basée que sur l'ancienneté (et on commence toujours en bas de l'échelle, QUELQUE SOIT LE DIPLOME). La vraie raison est qu'ils ont ça dans le sang. L'entreprise est comme une deuxième famille ici. Quand on se présente à quelqu'un, on évoque inflexiblement son entreprise et son poste avant de donner sa carte de visite (j'en ai déjà 18 après un gros mois passé ici). Ici il n'est pas rare de se faire embarquer dans des nomikai (afterwork entre collègues) pour aller manger et picoler. Néanmoins, j'ai le sentiment d'être arrivé dans un période de transition, où l'influence occidentale commence peu à peu à faire bouger les lignes. Mais ça reste à peine palpable. On sent certaines fois que les japonais sont un peu prisonniers de leur propres codes sociaux. Si vous saviez l'importance qu'ils accordent aux apparences ! Ici, il faut toujours avoir l'air occupé. Et il faut surtout ne pas se faire remarquer. Les autres arrivent à 7h au boulot ? Je fais pareil. Les autres mettent un costard ? J'en mets un. Les autres ne donnent pas leur avis ? Alors je me tais aussi. Alors que chez nous on se bat pour être différent, ici on se bat pour être comme les autres.


Voila j'espère vous avoir avoir un peu éclairé sur le fond. On m'a conseillé de lire "Stupeur et tremblements" d'Amélie Nothomb, qui traite justement du fonctionnement de l'entreprise au Japon et des différences abyssales avec les entreprises occidentales. Il paraît que c'est très caricatural, j'essaierai de me le procurer en français et de vous faire un petit retour pour voir si, oui ou non, la réalité rejoint selon moi la fiction.


Pour ce qui est de la forme, voila mon petit check up à mi-parcours :

J'aime bien :
  • les petites musiques qui viennent égayer la journée, surtout celle de 15h.

  • les horaires (début 8h50, fin 17h30, mais c'est que pour nous les stagiaires)

  • le campus Panasonic, vraiment grand, avec cafét', petit parc, musée, gymnase, terrain de foot, de tennis, salle de muscu, ...

  • la bouffe du midi, plutôt bonne et pas chère

  • la liberté de mouvement (ici on se gère totalement, du moment que le travail est fait)

  • l'ardoise pour savoir qui est parti où et pour combien de temps

  • les discours de chacun des membres après le déjeuner, même si je comprends rien

  • les picnics entre étrangers les jours de beau temps

  • les Panaboards quand ils veulent bien marcher (grands tableaux Velleda avec scanner et imprimante intégrés, assez stylé)

  • ...
J'aime pas trop :
  • la minute "prière" chaque lundi midi, sorte de rappel de l'éthique d'entreprise, qui de mon point de vue fait un peu secte (mais ça n'engage que moi)

  • le repas midi éclair (sonnerie à 11h45, tout le monde rentré au bureau à 12h10, soit 15 min maximum de repas effectif)

  • les réunions mensuelles sur la sécurité ou autres, franchement inutiles

  • les brainstorming de S. (:D)

  • ...
Bon voila un petit aperçu de ce qu'il en est ici. Ce n'est bien entendu que la partie émergée de l'iceberg qu'il vous reste à découvrir, mais si vous voulez en savoir plus, il ne vous reste qu'une solution : me rejoindre et tenter l'expérience niponne avec moi !!! A très bientôt :D

14 juin 2009

Kuraimingu

D'un dimanche à l'autre sans passer par la case départ ! Pas de post cette semaine, faut dire qu'il ne s'est rien passé d'extraordinaire ... si ce n'est mon anniversaire :D

Mais surtout un dimanche sportif comme je les aime ! Rencard cet aprem avec 2 collègues du taf, un français (Shililou) et une japonaise (Popeye), pour aller faire du クライミング , Kuraimingu dans un centre spécialisé. Kézako ? Pour deviner, essayez de prononcer "Kuraimingu" assez vite. Nan toujours pas ? Ce n'est rien d'autre que "Climbing", l'escalade, prononcé à la japonaise !

    

Shililou est un habitué, mais c'est une grande première pour Popeye et moi-même (certes j'ai déjà fait une via ferrata dans ma jeunesse, mais c'est pas tout à fait la même chose). L'endroit n'est pas immense mais super sympa, les gens ont l'air de tous se connaître, et il y en a vraiment pour tous les niveaux et les goûts. Ca tombe bien parce que je suis plutôt extrêmement mauvais. Technique approximative, mauvaises positions, je dépasse pas 2m de haut, bref une vraie quiche lorraine (pardon je sais qu'il y a des lorrains qui me lisent). Bilan sportif : des grosses ampoules sur les mains et des dorsaux qui ont doublé de volume. Voila quelques clichés, le reste est disponible, comme d'habitude, sur ma photothèque.

Pour récupérer, on va se poser au bord de l'autoroute d'une petite rivière, histoire de manger des boules glacées et de planifier le resto de ce soir. Ce sera des てんぷら (tempura , beignets frits) à Kyobashi, dans un petit resto fort sympatypique où on sert du poisson très frais pour pas cher. En plus Shililou est un habitué (oui Shililou est un habitué de tout, mais c'est facile parce qu'il est vieux). S. vient compléter le cercle des trois mousquetaires français, pour le plus grand plaisir de Popeye. La pauvre ... croyez moi, supporter l'humour français toute une journée, qui plus est celui de Shililou, il faut vraiment être costaud. Mais elle s'appelle pas Popeye pour rien ;D

7 juin 2009

Un dimanche en famille


Ce dimanche, j'avais à nouveau rencard avec ma famille japonaise préférée, les Nagaoka. Aujourd'hui, ils m'invitent à assister à un petit festival sportif auquel toutes les familles du quartier viennent participer. Après m'avoir (encore!) invité à déjeuner, Yo. et Yu. m'emmènent sur le terrain (le même que la dernière fois pour le tournoi de Baseball). A peine arrivé, deux organisatrices me sautent dessus et m'invitent à aller participer au premier jeu. Plusieurs équipes d'une dizaine de gosses doivent sauter à la corde en même temps, l'équipe qui tient le plus longtemps gagne. Je dois donc, avec un autre père de famille, faire tourner la corde correctement le plus longtemps possible. Je sais ça paraît simple dit comme ça, mais en fait on rencontre des petits problèmes de synchronisation. On arrive pas à passer le premier tour de corde, on finit 3 fois dernier, c'est la lose intégrale ... Tant pis, on se rattrapera au prochain jeu !

Les jeux s'enchaînent, tous plus débiles les uns que les autres (genre la course où il faut chopper au milieu un pain au chocolat suspendu avec ses dents, ou celle où il faut plonger la tête dans la farine pour attraper un bonbon).


Arrive la fin de journée, dernier jeu sous forme de quizz. Deux enclos sont formés, un animateur pose des questions, et on doit se placer dans le bon camp en fonction de la réponse, Vrai ou Faux. Si on a bon on reste, sinon on est éliminé. Au début on est une bonne cinquantaine, et très vite il n'en reste que 5 et .... je suis dedans ! Moi qui ne comprends pas un traître mot de japonais, je finis 5ème ... Appelez ça comme vous voudrez, moi j'appelle ça du talent ;D


Ensuite, il me proposent d'aller voir leur cousin, qui habite "une grande maison en dehors de la ville". Quand on vous dit ça en France, on s'attend à une villa avec piscine. Mais au Japon, ça veut dire T3 avec parking. Effectivement, comparé à celles que j'ai pu visiter, leur maison est très jolie, très branchée Muji (le IKEA japonais). Leur cousine parle pas mal anglais, et a étudié le français pendant un an, donc profite de mon passage pour évaluer ses restes ... On papote, on prend le thé, on joue à la Wii ... Bref on vit à la japonaise quoi !

Bientôt vient l'heure de manger, ma famille m'invite (oui encore) dans un izakaya dont la spécialité est le boeuf grillé façon 焼き肉, yakiniku. Mmmhhh ... Comme vous pouvez le voir sur les photos, un genre de barbecue est encastré un milieu de la table, et y on cuit soi même la viande.


Pour finir cette journée déjà bien chargée, j'ai rencard avec F., un collègue du boulot pour aller voir la finale de Roland Garros dans un bar. Où plutôt dans le seul bar d'Osaka qui retransmet le match (et encore sur notre demande). D'ailleurs je pense qu'il ne retransmettront pas de match de sitôt, vu qu'ils ont du fermer le bar 2h plus tard que d'habitude à cause de nous ... hihi pas grave, j'ai vu la victoire de Roger, je suis content, je peux aller me coucher en paix.