20 avr. 2009

Premier jour de stage

Aujourd'hui, les choses sérieuses commencent. Suzuki-san s'est proposé pour m'accompagner de peur que je n'y arrive pas tout seul. Il a probablement raison, étant donné qu'il faut prêt d'une heure pour se rendre au boulot, moyennant deux changements de métro, et un peu de train sur la fin. Nous arrivons avec une bonne demie heure d'avance, et nous ne sommes pas les seuls. Une véritable marée de costumes noirs déferle à l'arrêt de Nishisanso, qui cela dit en passant est un arrêt tout à fait secondaire.  Mais voilà, c'est là que Konosuke Matsushita, le fondateur de Panasonic, a jeté l'ancre il y a déjà près d'un siècle. C'est  donc ici que se trouve la maison mère, qui embauche pas moins de 25.000 personnes.

Pour mon premier jour, je me suis évidemment mis sur mon 31, en pensant bêtement que je ressortirais très vite le combo classique T-Shirt-Jean-Basket. Seulement ici, tout le monde porte un costume noir sur mesure, chemise blanche et mocassin en cuir. Autrement dit, je ne vais pas faire long feu avec mon unique costume marron Célio acheté en solde et mes chaussettes blanches ...

Après avoir testé mon nouveau badge à l'entrée et reçu mon premier "mhmhm gozaimasu" que le garde répète 25000x2 = 50 000 fois par jour, je me dirige vers mon bâtiment. Première impression : c'est vraiment gigantesque ! On dirait une ville ...

8h30

Suzuki-san me conduit à mon bureau, au milieu d'un large open space. Mon Boss, Fukushima-san (encore une fois, Fukushima est un nom très courant ici),  me fait faire un petit tour du propriétaire et me présente une à une les 40 personnes. Alors commence un défilé de noms japonais que je ne retiendrai évidemment pas, et l'un d'entre eux ne peut s'empêcher de me parler de son dernier voyage business à Bordeaux et de sa visite aux Mines de Douai (le monde est petit).

11h45

Arrive l'heure du déjeuner, annoncée par une charmante petite musique. Comme d'un seul homme, tous se lèvent instantanément et se rendent à la "cafétéria", ou plutôt dans une cantine démesurée (25000 personnes y mangent tous les jours ...). Bonne surprise, c'est plutôt bon, beaucoup de choix, et le prix est plus que raisonnable (environ 500¥, soit 4). Mauvaise surprise : les Japonais mangent en 3min 30. Sans mentir, la pause déjeuner ressemble plus à une pause café ! En plus, si vous prenez ma dextérité avec les baguettes, que vous ajoutez mon penchant à parler beaucoup, le tout assaisonné avec ma légendaire lenteur à manger, on se retrouve avec 10 japonais qui n'attendent qu'une chose, c'est que le petit frenchie daigne finir son assiette un jour ... Petite anecdote high-tech pour les geeks : chaque plat est muni d'un capteur, dont le passage en caisse permet le calcul automatique du prix du repas. Waou.

12h15

Retour au bureau, nouvelle petite musique. Tous les collègues se mettent en cercle, et l'un d'eux se met au centre et commence à réciter un texte dont la fin est répétée en choeur par tout le monde (ça fait un peu secte). Apparemment, il rappellent une fois par semaine les 7 fondements énoncés par Matsushita, le créateur de Panasonic. Ensuite vient quelque chose d'assez particulier, plutôt surprenant pour l'occidental que je suis. Chaque jour, tour à tour, un des membres raconte devant toute l'équipe une anecdote, une histoire, une blague, bref n'importe quoi, du moment que ça n'a aucun lien avec le travail. Et aujourd'hui, cette personne c'est ........ moi. Je me présente donc, et visiblement ils sont plutôt imperméables à mon anglais. Peu importe, même s'ils n'ont rien compris, tous m'applaudissent chaleureusement. Chacun retourne à son siège, back to work.

On me fait bien comprendre que c'est mon premier jour, et que le premier jour, il est interdit de travailler. Je passe donc la journée à configurer mon PC et à navigouiller sur le net. Je comprends vite que Windows en japonais n'est pas mon ami, et au moment où je demande de l'aide, ils viennent à ...... cinq. Cinq docteurs en physique s'arrêtent net de travailler pour résoudre mes problèmes de paramétrage des langues. Waou.

17h30

Voila, fin de journée pour moi. Officiellement c'est la fin de journée pour tout le monde, mais officieusement tous restent jusqu'à 19h30 (heures sup = argent). Encore une nouvelle musique retentit. C'est très amusant, toute le journée est rythmée par différentes musiques (dont l'une est l'hymne de Panasonic écrite par le célèbre Joe Hinsaishi, compositeur notamment de .... Ponyo sur la falaise !).

18h30

Retour au dortoir, premier repas dans la partie commune. Plutôt bon, mais au final peu de gens du y mangent, parce que ça reste assez cher (pour moi c'est gratuit héhé). Puis petit tour dans le McDo du coin, histoire de tester ma connexion et de Skyper la France pour raconter cette première journée ...

Petite parenthèse à propos de Panasonic : Je pense que tout le monde connaît (on a tous un micro-ondes ou une vielle radio Panasonic), mais c'est un véritable phénomène au Japon, dont je n'ai réalisé l'ampleur qu'une fois arrivé ici. La marque Panasonic est omniprésente, que ce soit au quotidien ou dans les campagnes de pub monstrueuses déployées à travers toute la ville. C'est une véritable fierté régionale, si ce n'est pas nationale. Donc à partir d'aujourd'hui, quand on me demande où je travaille, je bombe le torse et je réponds fièrement : "Panasonic Denko".

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